samedi 9 novembre 2013

Laurent Gérault : l'homme à abattre pour Christophe Béchu


Laurent Gérault vient officiellement de déclarer sa candidature à la Mairie d'Angers sous l'étiquette UDI/Modem - "Servir Angers".

L'actuel conseiller régional des Pays de la Loire et conseiller municipal d'Angers souhaite proposer une liste de rassemblement centriste qui se veut être "une alternative positive aux partis traditionnels en manque de souffle". Il souhaite également porter "un projet pour Angers, une nouvelle ambition". Le candidat assure de n'être "ni d'un clan, ni d'un camp, ni d'un fan-club". Cette dernière pique adressée à Christophe Béchu, Président-Sénateur-candidat à la Mairie est révélatrice d'une relation qui s'est fortement dégradée entre les deux hommes au cours de ces derniers mois : amis d'hier, ennemis d'aujourd'hui...

MUNICIPALES 2008 : LE MARIAGE DE RAISON

Laurent Gérault et Christophe Béchu formèrent un tandem en 2008, proposant une liste de Rassemblement de la Droite et du Centre afin de conquérir la Mairie d'Angers. A Christophe Béchu le valoir-faire, à Laurent Gérault le faire-valoir, l'un rêvant de la Mairie, l'autre de la Présidence de l'agglomération angevine.

Sauf que ! A quelques 667 voix, le jeune futur candidat-à-tout, Christophe Béchu, échoue et connaît sa première grande baffe politique. Ca avait pourtant de la gueule ce duo, un beau remake de Laurel et Hardy (c'est moi le grand et toi le petit), à l'un la raison, à l'autre la passion.

Malgré la promesse faite aux angevins de siéger dans l'opposition, Christophe Béchu démissionnera (rapidement) du conseil municipal d'Angers, laissant les clés (en prenant soin d'en faire un double) de l'opposition à Laurent Gérault. Mais combien de temps, ce dernier, allait-il pouvoir conserver le leadership ?

Retrouvez, ci-dessous, la promesse de Christophe Béchu de siéger dans l'opposition :




LEGISLATIVES 2012 : DIVISER POUR MIEUX REGNER

2008, 2009, 2010, 2011, 2012... les années passent, Laurent Gérault exerce sa mission de leader de l'opposition angevine. Il le fait bien. Avec plus ou moins de talent. Il n'est pas dans la caricature. Pas un mot plus haut que l'autre. Son tempérament, c'est sa force, c'est aussi sa faiblesse. La force de celui qu'on écoute pour ses convictions et ses propositions, la faiblesse de celui dont l'absence de charisme et de calcul politique ne lui permettent pas de fendre l'armure, cette irrésistible poussée libératrice qui fait un destin politique.

Laurent Gérault n'est pas libre. Il ne le sera jamais en tant que leader de l'opposition angevine. Il est tenu par le clan Béchu, dont le premier chien de garde au conseil municipal est Emmanuel Capus. Laurent Gérault est libre de porter le message qu'on lui impose. C'est cela le système Béchu. Celui qui sort des clous, on lui tire dessus. Sans sommation.

En 2012, les relations entre Christophe Béchu et Laurent Gérault prennent un tournant, notamment dans le contexte des élections législatives sur la 6ème circonscription de Maine-et-Loire dans laquelle Hervé de Charette était élu depuis 1986. Ce tandem Gérault/Charette, dans le cadre de l'Alliance centriste, devait ravir la circonscription. Hervé de Charette assure même à Laurent Gérault de lui transmettre la circonscription en cours de mandat. C'est un bon deal. Sauf que !

Christophe Béchu aime le pouvoir. Il le veut pour lui. Et lui seul. Pas d'esprit d'équipe. Il ne partage pas son jouet qu'est le Maine-et-Loire.

Sur une circonscription historiquement de droite, les chances de l'emporter de Laurent Gérault étaient réelles face au candidat socialiste. L'idée que le chef de l'opposition angevine puisse devenir député n'est pas acceptable pour Béchu. Aussi, probablement soucieux de conserver dans le département un fort ancrage de centre-droit, le Président du Conseil général n'a pas eu de meilleure idée que de placer et de soutenir un candidat dissident UMP, André Martin, face au tandem Gerault/Charette qui avait pourtant reçu l'investiture officielle de l'UMP.

Le résultat, vous le connaissez : victoire du socialiste Serge Bardy. Victoire personelle de Christophe Béchu qui provoque la défaite de son camp : diviser pour mieux régner...


OPPOSITION MUNICIPALE : LA STRATEGIE D'ISOLEMENT

Laurent Gérault n'a pas digéré le coup de jarnac de Christophe Béchu. A juste titre. Il sait désormais que sa liberté de parole et d'action est limitée, comptée. Comptée car les municipales approchent à grands pas et qu'aucun autre leadership n'est possible que celui du Président-Sénateur-candidat. Laurent Gérault le sait, il va devoir subir la stratégie de l'isolement. Isolé d'une opposition municipale désormais dénuée de talent, d'idées et de courage. La stratégie de Christophe Béchu fonctionne parfaitement à court terme. Elle a permis d'ostraciser celui qui, à défaut de charisme et de tactique politique, aurait pu capitaliser sur son bilan de chef de l'opposition au conseil municipal d'Angers. Mais cette stratégie court-termiste peut se révéler dévastatrice. Dévastatrice car du rejet, de l'humiliation et de l'intolérance subis, peut naître l'irrépressible énergie du combat...

MUNICIPALES 2014 : LE REGLEMENT DE COMPTE

L'élection des 24 et 30 mars prochains sera l'occasion pour l'ensemble des candidats, toutes tendances confondues, de proposer et de porter un projet d'avenir pour les angevins. Mais au-delà de simples clivages partisans, cette élection sera l'occasion d'un règlement de compte entre Laurent Gerault et Christophe Béchu.

Christophe Béchu veut la tête de Laurent Gérault : toute sa stratégie de liste de rassemblement tombe à l'eau. Le rassemblement de qui ? D'un clan ? Laurent Gérault a un bilan, peut-être minime, quoi qu'on en dise. Il a les réseaux et les raisons de porter une véritable candidature du renouveau à Angers. Cependant, cette candidature ne portera ces fruits que s'il a l'intime conviction qu'elle est utile, qu'elle n'est pas une forme de revanche personnelle, qu'elle n'est pas énième candidature visant à négocier tel ou tel poste au second tour...

Pour gagner l'estime et la reconnaissance des angevins, Laurent Gérault doit se fixer une ligne claire à ne pas franchir, celle qui consistera à ne pas se coucher au second tour face à Christophe Béchu. Il y aura des pressions, des menaces, des intimidations de la part du clan Béchu, tant sur les colistiers que sur le candidat Gérault lui-même, sur leur entourage, et même sur ceux qui les emploient.

Dans une élection où le Front national est crédité entre 10 et 13% au premier tour, la multiplication des listes de droite est une véritable aubaine pour la majorité socialiste à la Mairie d'Angers. Laurent Gérault peut être un rempart au Front national, fort d'une liste de rassemblement des centristes. Il peut même devancer une liste UMP au premier tour du scrutin, le 24 mars au soir. Aussi, tous les coups sont permis pour Christophe Béchu car Laurent Gérault est devenu l'homme à abattre.