lundi 11 novembre 2013

Dominique Richard est-il une girouette ?

Sacré Dominique Richard ! On ne l'avait pas vu depuis si longtemps dans la vie politique angevine. Après quelques années d'absence, le candidat malheureux à la mairie d'Angers en 2001 est de retour ! Fier comme un paon. Heureux comme un coq en pâte.



DOMINIQUE RICHARD : LE REVENANT

Les années ont passé mais la détermination et l'engagement de Dominique Richard pour la politique restent intacts. C'est tout à son honneur. Pour le plus grand bonheur des angevins à qui manquaient ses grandes oreilles, toujours à l'écoute ?! Revenons sur le parcours récent de cet homme que les angevins avaient oublié et que nous appellerons affectueusement "Dodo".

Dominique Richard se met en retrait de la vie politique angevine le 17 juin 2007. Son opposant aux législatives, Marc Goua, alors maire de Trélazé, devient le seul député PS élu du Maine-et-Loire, recueillant près de 53% des suffrages. Il a quand même fait fort à l'époque Dodo : seul Député UMP capable de perdre une circonscription dans un contexte national largement favorable à la droite (élection de Nicolas Sarkozy, majorité absolue à l'Assemblée nationale, réélection de tous les autres députés de droite du Maine-et-Loire). Bref. Il a perdu pour deux raisons : d'une part son manque d'implication locale en tant que Député de 2002 à 2007, d'autre part son arrogance bien connue de tous.


LE RECASÉ DE LA REPUBLIQUE

Une fois déchu de son mandat de Député de la 2ème circonscription du Maine-et-Loire, Dodo n'a pas traîné pour retrouver du travail. C'est qu'il en a des bouches à nourrir ! Non, Dodo ne passera pas par feu l'ANPE (devenu Pôle-Emploi depuis le 19 décembre 2008) mais par ses amis de l'Assemblée nationale pour être "recasé". Ah rien de mieux que l'entraide parlementaire !

Spécialisé dans les questions de communication au cours de son mandat de Député à l'Assemblée nationale, Dominique Richard est recasé en février 2008. Il est nommé Commissaire à la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), par Bernard Accoyer, Président de l'Assemblée nationale.

En juin 2010, Dominique Richard est de nouveau nommé, cette fois-ci chargé d'une mission, celle de remettre avant le 31 janvier 2011, au Ministre de la Culture, un rapport sur la "mise en place d'une réflexion sur les perspectives du secteur de l'audiovisuel en 2015 en France". Passionnant ! Cela se concluera par un  rapport de seulement 40 pages grassement rémunéré aux frais du contribuable. Rappelons, à titre de comparaison, que pour une mission du même ordre, Christine Boutin avait été rémunérée quelques 9500€ par mois pour une mission sur la mondialisation.

Le 22 mars 2011, Dodo est nommé médiateur du Conseil pour la circulation des oeuvres. Ce médiateur à titre expérimental est chargé de "contribuer à la résolution des contestations relatives à l'accès aux oeuvres audiovisuelles et cinématographiques". Passionnant de nouveau ! A ce jour, aucun rapport véritable sur la mission de ce médiateur n'a été rendu public. De là à conclure à un emploi fictif...

Le 5 octobre 2011, Dominique Richard est de nouveau nommé, en Conseil des ministres, membre du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), fonction pour laquelle il perçoit une rémunération supplémentaire de 3768 € bruts par mois. Au sein de ce conseil, il n'exerce plus sa compétence en matière de communication mais d'aménagement durable du territoire. Remarquez, les compétences importent peu, pourvu qu'il y ait la rémunération !

Outre l'ensemble de ces nominations correspondant à des postes basés à Paris, rappelons que Dodo a conservé, depuis 2004, son mandat de Conseiller régional des Pays de la Loire pour lequel il perçoit également la modique somme de 2647,79€. 

Dominique Richard fait partie de cette caste dominante, donneuse de leçon, qui s'entraide et se protège.

Une caste dont la seule ambition est de se servir avant de servir l'intérêt général. C'est particulièrement flagrant lorsque l'on doit sa carrière professionnelle aux nominations politiques multiples venues d'en haut. Dodo est un cumulard professionnel. Comme beaucoup d'autres politiques nous diriez-vous... Sauf que !

A la différence des cumulards "élus" qui ont le courage de se soumettre au suffrage universel direct ou indirect, tel Christophe Béchu, Dodo est un cumulard "nommé". L'on comprend aisément qu'il soit plus facile d'obtenir un poste par des compromissions et autres ronds de jambe que de se présenter au suffrage sur son propre nom.


LE RETOUR AU BERCAIL

En novembre 2012, Dominique Richard annonce sa démission de l'UMP pour rejoindre sa famille de coeur, la famille centriste, désormais incarnée par l'UDI-Modem. Selon ses propres mots, il décide de retourner "au bercail". Il y fait si chaud, si bon. Il faut dire que la famille centriste dans le Maine-et-Loire renaît, tel le phoenix, de ses cendres.

Aux côtés de Michel Piron, le nouveau Président de l'UDI 49, Dominique Richard retrouve Jeanne Robinson, autre transfuge de l'UMP, et Laurent Gerault, ancien Président du Modem 49. La fine équipe !

Pas facile de faire cohabiter tout ce petit monde, les uns historiquement proches du Président-Sénateur-candidat Christophe Béchu (Richard et Robinson), les autres clairement en situation de rupture (Piron et Gerault).

Laurent Gérault a annoncé vendredi 8 novembre 2013 être candidat à la mairie d'Angers. Au lendemain de cette candidature de rassemblement du centre, le samedi 9 novembre 2013, Dominique Richard nous distille un communiqué de presse laconique dans lequel il n'apporte son soutien ni au candidat officiellement désigné par l'UDI, Laurent Gérault, ni au candidat officiellement désigné par l'UMP, Christophe béchu.


LA VALSE A QUATRE TEMPS

La politique, c'est faire des choix. A en croire ses récentes déclarations, Dominique Richard semble être dans l'incapacité d'en faire. A défaut d'incarner un second rôle de facillitateur entre Laurent Gérault et Christophe Béchu, Dominique Richard s'accapare un premier rôle, celui de perturbateur.

Quelle est la logique de Dominique Richard ?

Dans un premier temps, en novembre 2012, il fustige l'UMP et rejoint l'UDI, la famille centriste à laquelle il dit "appartenir depuis plus de 30 ans". C'est compréhensible et tout à fait respectable au regard d'un long parcours au sein de l'UDF et des démocrates sociaux.

Dans un second temps, Dominique Richard semble accepter d'être la "taupe" de Christophe Béchu au sein de l'UDI. Son rôle ? Faire en sorte que l'UDI-Modem apporte son soutien total au candidat de l'UMP.

Dans un troisième temps, Dodo prend acte de la candidature de Laurent Gérault, candidat officiellement désigné par Jean-Louis Borloo et François Bayrou. Il décide de ne pas lui apporter son soutien. Dodo décide également de ne pas apporter son soutien à Christophe Béchu. Essaie t-il de faire monter les enchères, de négocier un poste ?

Quatrième temps, entre le coeur et la raison, Dominique Richard devra faire un choix. Il sera contraint, par les deux camps, de clarifier son positionnement. Deux choix s'offrent à lui : l'un, celui d'affirmer  son positionnement centriste et de soutenir le candidat de son camp, l'UDI Laurent Gérault. L'autre, celui de trahir son camp, un an après avoir l'avoir rejoint, en apportant son soutien au candidat UMP Christophe Béchu.

L'absence de choix pour Dominique Richard consisterait en une absence de convictions politiques. Et l'on sait pourtant que les convictions sont le fondement de l'engagement politique...

Alors, à la question "Dominique Richard est-il une girouette ?", la réponse est claire : OUI !